Entre Haïti et l’ONU, l’incohérence totale  

Considérée comme le centre du monde en matière de conflits externe et interne de tous les pays du globe, l’ONU, est la seule médiatrice. Avec ses nombreux programmes, les dirigeants de l’organisation réfléchissent et cherchent toujours à apporter des solutions pour chaque problème que les nations font fasse. Depuis environ trois (3) décennies, l’ONU tient son engagement envers Haïti en matière de sécurité à travers des forces armées et autres missions pouvant aider à sortir le pays du chaos.


L’ONU est une organisation internationale regroupant 193 États membres depuis le 14 juillet 2011. Elle a été instituée le 24 octobre 1945 par la ratification de la charte des nations unies signée le 26 juin 1945 par les représentants de 51 pays. Elle remplace alors la société des nations (SDN).

Parmi les objectifs premiers de ladite organisation, on trouve le maintien de la paix et la sécurité internationale. Pour les atteindre, l’organisation doit fournir de l’aide humanitaire aux  pays pauvres, assurer la protection des droits de l’homme partout sur la planète, garantir le développement durable et autres. L’ONU est le lieu où se traitent des questions qui transcendent les frontières nationales et qui ne peuvent pas être répondues de manière individuelle par un seul pays.

Haïti au fil des années

Après notre indépendance, on ne s’est jamais remis. On a essayé. Peut-être ! Mais, personne ne le sait jusqu’à présent. Avec le temps, on a constaté notre fierté qui part en fumée comme la Première République Noire. Faute de dirigeants. Les régimes politiques ne nous ont servi à rien. Régime autoritaire, régime démocratique, le pays se fait piéger par ses propres filles et fils.

Sur cette dernière décennie, Haïti a connu le pire en matière de respect de vie humaine. Sur le plan socio-politique, sur le plan économique, ainsi que sur le plan sécuritaire, le Premier Etat Noir du monde est au bas de l’échelle. Au quotidien les gangs armés posent des problèmes. La région métropolitaine de Port-au-Prince est quasiment contrôlée par des colonnes armées, ce qui fait l’activité des citoyens est paralysée surtout dans le centre-ville, depuis le mois de février2024. Qui dit quoi pour freiner la barbarie des hommes armés?

Depuis environ 1 an, on attend l’arrivée d’une force étrangère pour nous aider à combattre les bandits. Sur la demande du gouvernement d’Ariel Henry en 2023, l’ONU accepte de nous venir en aide. Pour une fois de plus, le conseil de sécurité autorise le déploiement en Haïti d’une Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS). La durée de cette mission est de 12 mois. Plusieurs États membres ont informé le secrétaire général de leur participation.

L’ONU face à l’histoire

Février 1993 a été la date de la première mission de cette organisation en Haïti. Menée conjointement par ONU-OEA, cette première mission a été très rapidement un échec pour le conseil de sécurité. La MINUAH n’a pas pu être déployé à l’époque et s’acquitter de son mandat en raison du refus de coopérer des autorités haïtiennes.

En 1994, dans une résolution (940), le conseil a autorisé le déploiement d’une force multinationale de 20 000 membres pour faciliter le retour rapide des autorités légitimes. Mais aussi, maintenir la sécurité et la stabilité dans le pays et promouvoir l’état de droit.

Au fil des années, la force multinationale a été suivie par une série de missions successives des Nations Unies de 1994 à 2001.  La MINUAH qui a assuré l’intégralité de ses fonctions en mars 1995, la Mission d’Appui  des Nations Unies en Haïti (MANUH), la Mission  de Transition  des Nation Unies en Haïti (MITNUH) et la Mission de Police Civile des Nations Unies en Haïti (MIPONUH).

Durant cette période, les faits ont été remarquables. Le rétablissement d’un certain degré de démocratie, avec la première passation des pouvoirs de manière pacifique entre deux présidents démocratiquement élus. Une société civile multiforme a été développée et sa participation croissante à l’instauration d’une culture politique fondée sur des valeurs démocratiques. Toutes fois, il y avait aussi des difficultés. Les réformes sérieuses ne sont jamais concrétisées.

Au début du mois de février 2004, un conflit armé s’éclate entre les hommes du pouvoir et l’opposition. Ça a commencé aux Gonaïves, quelques jours plus tard d’autres villes ont été touchées par cette bataille politique. Le 29 du même mois, le président Aristide a démissionné. Et le même soir, le représentant permanent d’Haïti auprès de l’organisation a présenté la demande d’assistance du président intérimaire, qui n’est autre que Boniface Alexandre, président de la cour de cassation à l’époque.

Comme suite à cette demande, le conseil de sécurité a adopté la résolution 1529 autorisant le déploiement d’une force multinationale intérimaire et s’est déclaré prêt à créer ensuite une force de stabilisation des nations unies. Cette force serait  mise en place pour faciliter la poursuite d’un processus politique pacifique et constitutionnel et le maintien de condition de sécurité et de stabilité.

Comme prévu, La MINUSTAH a vu le jour.  Après plus de 10 ans dans le pays, on demande toujours quelles étaient leurs missions. Rien n’a changé, pendant ce temps, les hommes armés ont continué à imposer leur mode de vie. Le pays n’a rien bénéficié avec la MINUSTAH, sauf l’insécurité, le viol, le choléra, des femmes abandonnées avec leurs enfants et des petits garçons violés par les soldats.

Après le départ de la MINUSTAH en 2017, la Mission des nations Unis pour l’Appui à la Justice en Haïti (MINIJUSH) a été instauré pour le bien être de la justice. Mais, jusqu’à présent aucune mesure n’a été prise pour aider la justice à garder la tête haute. L’impunité persiste encore et l’injustice continue sa course dans notre chère Haïti.  Après la fin de son mandat le 15 octobre 2019, vient ensuite le Bureau intégré des Nations Unis en Haïti (BINUH). Le BINUH a été une mission politique spéciale établie par la résolution 2476 du conseil de sécurité le 25 juin 2019. Nonobstant le mandat de cette dernière, la politique haïtienne emboîte toujours le pas et en terme de gouvernance, plus rien ne va. Le bilan de ses trois missions est catastrophique. Dommage qu’on pense toujours que l’ONU peut résoudre nos problèmes sans la volonté de nos dirigeants.

Et enfin, la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité

Depuis l’assaut des gangs en février 2024 pour forcer la démission du PM Ariel Henry, l’arrivée d’une force étrangère devient une nécessité pour le pays. Le Kenya sera à la tête de cette dernière. Annoncée pour le mois dernier, quelques officiers Kenyans, des soldats américains et des matériels sont déjà sur le sol haïtien.

Sur place, les États-Unis ont redoublé d’efforts pour préparer le déploiement de cette force. Selon le quotidien américain, le NYT, une base dans le principal aéroport du pays a été construite. Malgré tout, aucun déploiement n’a été effectué jusqu’à date. Et les hommes armés continuent d’imposer leurs lois face à une PNH impuissante. La situation au centre ville, au bas Delmas est inhumaine.

Pour l’heure, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) est fonctionnel. La semaine dernière, le gouvernement de Garry Conille  a été installé. Jusqu’à quand l’arrivée de cette mission? Quelle serait leurs ordres face aux gangs armés? La population haïtienne est assoiffée du bien être. Elle espère un retour au calme, rétablissement des activités scolaires, accès aux axes routiers et le redressement de l’économie. Cette nouvelle administration est face à l’histoire. Elle est l’espoir de tout un peuple.

Texte : Lamy Toussaint

Email : toussaintlamy0709@gmail.com

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VariétéStars News Agency
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