Haïti – Culture: Quand l’insécurité paralyse les vacances estivales

Le phenomène d’insecurité en Haïti, étend ses tentacules sur pratiquement tous les secteurs de la vie nationale. Après le tourisme, les activités nocturnes entre autres, le plaisir des vacances d’été disparait comme une étoile filante au menu de tous, notamment la jeunesse.

Fuyant la colère des gangs armés à Portail Léogane, la station d’autobus Cayes / Port au Prince est rélocalisée à Lalue. Le samedi 24 aout 2024, vers les 8h43 AM, environ 5 minibus attendent désespérément des passagers.

Ce chauffeur cinquantenaire, vêtu d’un maillot bleu et un pantalon noir, visage barbu, aspergé par une sueur débordante et dont le découragement est lisible par les plis sur son front, nous décrit la situation en ces termes : » Jadis, à cette époque de l’année, la station est regorgée de passagers pour le grand Sud. Nous autres chauffeurs, nous étions toujours depassés par l’afflux massif des parents et enfants voulant se villégiaturer, ou venir à Port au Prince pour les grandes vacances. Aujourd’hui, le phénomène d’insécurité a changé la donne. Plus de passagers. Quantité réduite d’autobus. En réalité, plus de vie. Les hommes armés sont entrain de nous gruger en tout. »

De l’autre coté, le circuit Port au Prince / Jérémie est contraint de stopper toute activité de transport, depuis les assauts sanglants des gangs armés en février dernier. La station Port au Prince / Cap, qui était basée au Carrefour de l’aéroport, se situe un peu partout pour l’instant. A Delmas, à Lalue, cela se fait au gré des compagnie de transports fuyant leur base.

Par dessus tout, le trajet n’est pas aussi facile pour se rendre dans le Grand Sud ou le Grand Nord, les parcours sont ponctués par des postes de péages, des hommes armés sur tout le parcours, avec des risques de kidnaping ou d’assassinats. Tout ceci réduit considérablement le nombre de voyageurs, mêmes pour les besoins les plus urgents.

Les activités estivales diminuées

Il est dans quelques rares communes, zones ou quartiers que les activités ordinairement organisées durant les vacances se tiennent.
Les rares endroits de la région métropolitaine de Port-au- Prince, qui ne sont pas encore sous la férule des hommes de « Viv ansanm », sont obligés de monter la garde. Toute activité populaire est prohibée ou organisée d’une manière restreinte.

« D’habitude après les matchs, beaucoup de monde restaient pour se divertir. Comme marchande, nous pouvions vendre jusqu’à 3 caisses de bièrre la semaine et, le week-end le chiffre augmentait. Depuis tantôt deux ans, à peine si on peut vendre une douzaine de bièrre en Week-end », se désole cette marchande dans un quartier à Pétion Ville, où l’on organise un championnat de football.

« Jadis, on pouvait fermer jusqu’à minuit. Maintenant, le maximum est de 9h pm. D’autant plus, très peu de gens fréquentent l’espace. C’est surement la peur », a ajouté la vendeuse qui élève seule un enfant.

Les traditions s’éteignent

Les traditions disparaissent à la vitesse de croisière. La culture haïtienne paie la lourde tribu de la détérioration du climat insécuritaire. Les fêtes champêtres, les soirées dansantes, les festivals, les plages regorgées de journées de mer, les jeux et toutes les activités donnant de l’été son essence n’existent presque plus, surtout à Port-au-Prince.

Cette génération et celle du futur, risquent une déconnexion totale aux valeurs vernaculaires.

Une jeunesse frustrée

Si l’impact de l’insécurité est remarquable sur le fonctionnement de différents secteurs du pays, pour la jeunesse, c’est un silence qui tue. Les jeunes qui sont forcés de rester cloîtrer à la maison se font des idées et, attendent une occasion pour dégager leur frustration.

« Avec l’insécurité, mes parents m’obligent à rester à la maison et limiter drastiquement mes déplacements, ce que je comprends. Par contre, c’était le seul moment dans l’année pour moi », a regretté cette jeune étudiante en architecture de 21 ans.

Jean Elinord vient de passer son baccalauréat. Dans sa colère, il fustige les politiciens haïtiens qui ont contribué à la situation alarmante d’aujourd’hui. Pour le jeune garçon, il faut être un héros pour survivre en Haïti, le pays où tous les droits fondamentaux de la jeunesse sont violés.

Pendant que la Perle des Antilles continue sa décente aux enfers, les autorités se succèdent les uns après les autres. Mais, la réalité demeure la même. Elles se contentent de faire des promesses utopiques au lieu de poser des actions concrètes, pouvant changer la trajection de la nation qui est entrain de disparaitre, aux yeux des faux amis internationaux et des fils d’Haiti avides, insatiables, et affairistes.

Les vacances estivales symbolisaient plus qu’un moment d’épanouissement et de loisirs pour tous, et les activités économiques profitaient fortement de cette période de l’année. L’État doit prendre les mesures qui s’imposent pour favoriser un retour normal à la vie nationale.

Texte : Variétés News Stars Agency

Email : infos@varietestars-n-a.com

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