La dernière lourde défaite qu’a connue Haïti dans une compétition internationale, relève du début du mois d’août 2024. Sa sélection féminine U-15 a essuyé quatre (4) défaites dans la région, avec plus de 20 buts encaissés et un seul inscrit; sans compter les autres sélections qui donnent des performances au rabais ces derniers mois. On peut imaginer combien c’est catastrophique, le manque de competitions surtout avec la fermeture du championnat national, depuis plus de trois ans. Le fait que le pays n’est plus actif dans les activités sportives de bases, le Ranch de la Croix-des-Bouquets est fermé, l’insécurité bloque même les championnats de vacances sur le territoire national, on peut en déduire les conséquences sur nos jeunes sportifs.
Avec le professeur Jacques Montour, la rédaction de Variétés Stars News Agency a regardé l’avenir des jeunes footballeurs Haïtiens, qui ne sont pas en compétition depuis plusieurs années, tout en évoquant les causes de cette panne soudaine.
« En Haïti, le sport en générale est traité en parent pauvre. La compétition pour les jeunes en bas âge n’est pas du tout priorisée dans le pays, ce qui met nos jeunes en retard », explique M. Montour qui est à la fois professeur et analyste sportif.
« Sur le plan footballistique, il a fallu organiser des compétitions à tous les niveaux, U-10, U-13, U-15, U-17, U-20 entre autres, ce qui pourrait donner naissance à une sélection olympique de moins de 23 ans », a déclaré le professeur à notre rédaction. Selon M. Jacques, dans la nouvelle génération sportive, on commence à recruter des joueurs dès leur plus jeune âge. Il prend comme exemple Melchie Daëlle Dumornay qui joue actuellement à l’Olympique Lyonnais, mais plusieurs autres cas pareils pourraient être ajoutés à cette liste, comme Lamine Yamal qui évolue actuellement à Barcelone.
« Il est vrai qu’en Haïti il y a des associations et des écoles sportives privées qui essaient d’organiser des championnats, mais cela ne reflète pas la réalité », croit M. Montour. Il dénonce aussi le fait que les clubs reconnus par la Fédération Haïtienne de Football, ne possèdent pas non plus des équipes juvéniles pouvant tenir le football en vie en Haïti. « Ces clubs n’ont pas aussi des académies pouvant aider à faire grandir des talents dans cette discipline sportive, qui est le football », regrette-t-il.
Le problème est aussi infrastructurel
« En dehors des problèmes strictement liés à un manque de compétition sur le plan national; en Haïti il y a aussi un défit sur le plan quantitatif et qualitatif, en parlant des infrastructures sportives dans le pays. Vient ajouter ensuite, sur ces 5 dernières années, l’insécurité qui aggrave cette situation », poursuit le professeur.
En ce sens, des difficultés à la fois structurelle et conjoncturelle impactent le football national. Sur le plan conjoncturel, les tournois qu’on avait l’habitude de jouer dans quelques milieux en Haïti, sont devenus de plus en plus rares selon le professeur. Car des terrains de football, malgré eux, se situent dans des zones à réputation dangereuse.
Dans le département de l’Ouest par exemple, en juillet dernier, le centre sportif de Carrefour a été l’objet d’une attaque sanglante et le jour de cette attaque, un footballeur a été tué. A l’Artibonite, les gangsters sèment la pagaille, ce qui casse les activités sportives dans certaines communes de ce département.
Un cas précis peut-être aussi mentionné. L’Association des Journalistes Sportifs de Léogâne (AJSL), a dû suspendre la 7ème édition du championnat de vacances organisés habituellement dans la cité Anacaona, à cause de la montée des actes de banditisme dans la région Sud du pays. De telle situation participe également à la cassure du football Haïtien, qui pietinait depuis belle lurette.
Vers une autre alternative
« Des solutions à court, à moyen et à long terme, doivent être envisagées afin de pallier à ce fléau », précise Jacques Montour. Surtout à long terme, il faut qu’il y ait une synergie qui se développe entre les clubs de première, de deuxième division haïtienne et les écoles de football, afin que ce sport puisse respirer mieux ».
« A moyen terme, il faut rétablir la sécurité à travers le pays, qui débouchera sur une meilleure circulation ainsi, les compétitions sportives vont être reprises partout », propose le professeur, tout en admettant que les clubs et la FHF doivent exercer des pressions sur les autorités étatiques pour arriver à cette fin.
A court terme, l’analyste sportif souhaite à ce que les responsables de clubs et d’autres entités concernés, font une cartographie où le football peut reprendre rapidement à travers le pays. Tel que le grand Nord et le grand Sud. Cela va permettre aux jeunes d’avoir des temps de jeu, avant qu’ils atteignent l’élite, quand tout reviendra à l’ordre.
Aussi, un appel à l’investissement est lancé par Jacques Montour, et ceci à tous les niveaux. « Les terrains de football doivent être en bon état pour recevoir les jeunes sportifs. Pour que le football ne meure pas dans le pays, le développement d’une synergie entre tous les protagonistes est nécessaire, pour assurer le lendemain d’une jeunesse assoiffée et délaissée sur le plan sportif », conclut le professeur et l’analyste.
En attendant des actions concrètes de la part des autorités concernées, VariétéStars News Agency veut continuer de lancer des cris d’alarme, pour que le sport ne meurt pas en Haïti.
Texte : Laurore Michel
Email : michelaurore90@gmail.com
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