Port au Prince, portrait d’une ville assiégée par des gangs armés . 

Haïti connait une insécurité aiguë, depuis après l’assassinat du président Jovenel Moïse, en juillet 2021. Pour ce début d’année 2024, les statistiques sont sans appel. Plus de 80% de la région métropolitaine de Port-au-Prince est assiégée par les gangs armés. Quasiment toutes les institutions sont forcées de mettre la clé sous la porte. La ville est plutôt  déserte. Il n’y en a presque  pas âme qui vive. Les tirs sporadiques, les morts et blessés, des incendies entre autres hantent le bonheur quotidien de toute une population.
 
Depuis après l’assassinat odieux du président de la république en Juillet 2021  jusqu’à ce moment présent, l’insécurité étend ses tentacules dans le pays notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. En ce début d’année 2024, la crise multidimensionnelle a pris une allure funeste. Les gangs armés, réfédérés sous l’emblème de « Viv ansanm » lancent des assauts sanglants depuis le 29 Février dernier, tout en préconisant « une révolution » pour le bien être de tout un chacun. Le quotidien des Port-au-Princiens se résume en : rafales d’armes automatiques, incendies, pillages, déguerpissements entre autres. Le spectre de l’insécurité et la violence n’épargnent personne dans la capitale du pays.
 
 
Une population martyre et en fuite.
 
Assassinés, déplacés ou voyagés, la première ville d’Haïti  se vide de ses habitants. Asphyxié par la violence indélébile, le rêve choyé de plus d’un est de fuir par tous les moyens la région métropolitaine.
 

Selon le dernier rapport en date du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), seulement pour ce début d’année, plus 2500 personnes ont été tuées ou blessées. Cela dit, l’augmentation est de 50% par rapport au premier trimestre de l’année 2023.
 

De plus, sur les 2 754 812 habitants (Chiffres de l’année 2019) qui vivaient dans la capitale, l’intensification des actes de violences des colonnes armées a causé plus de 362 500 déplacés en Avril 2024. Parmi ces réfugiés, 94 821 sont allés s’installer à la campagne. A cela s’ajoute, un grand nombre  de bénéficiaires du programme humanitaire dénommé « Programme Biden », qui en profitent pour fuir l’exaction de cette spirale de violence.
 
 
Une ville méconnaissable.
 
Rues désertes, bourrées d’immondices et d’herbes folles. Chaussée faite de boues et de fatras. Les rares voitures qui fréquentent la zone, filent à toute allure. Des maisons vides, pour la plupart pillées et incendiées. Corps calcinés et cadavres en putréfaction jonchent les rues. Même les milliers de débrouillards de toutes professions et de tout calibre qui occupaient les rues de la ville jadis, ont vidé les lieux. Sans doute, ils sont pris entre le marteau de l’insécurité et l’enclume d’un chômage forcé.
 
 
Le champ de mars devient au fur et à mesure un centre de théâtre d’accrochage, entre la Police nationale et les bandits. Le carrefour aéroport, connu pour son aspect économique où les petits commerçants de toute espèce se débrouillent est dans la ligne de mire des bandits, et s’ajoute la liste « des territoires perdus. » Martissant, Cité Soleil, Carrefour Feuilles, la plaine du-cul-de sac, Bas Delmas, Frères, Torcel, Pernier, etc. sont entre autres communes, villes ou quartiers assiégés par ces bandes  armées.
 
 
Pour se rendre au grand Nord comme dans le grand Sud, plus de 10 postes de péages sont installés sur la route. Contrôlés par les caïds de Viv ansanm, le droit de passage est acquis par une somme fixée. En ce sens, Les passagers en font les frais. Les routes nationales sont devenues au fil du temps, principales sources de rentrée économique des bandits à Port-au-Prince. Aucune rentrée par voie maritime et aérienne dans la capitale. Les ports et aéroports sont fermés depuis plus d’un mois à cause de l’incursion des activités criminelles.
 
 
Jusqu’à date, les banlieues de Delmas et de Pétion ville essayent de résister. Pour ce faire, des brigades  sont constituées et des barrières installées à chaque entrée de quartier. Les inconnus ne sont pas les bienvenus durant le jour encore moins pendant la nuit.
 
 
Des institutions chassées.
 
Des écoles, pour la plupart occupées soit par des déplacés ayant fui la violence dans leurs quartiers ou par des hommes armés. Le plus grand centre hospitalier du pays est sous le contrôle des gangs. Certains centres universitaires situés généralement en ville, ont été vandalisés et incendiés, La faculté de médecine, l’école normale supérieure, l’école d’agronomie, etc. allongent la longue liste des institutions victimes des actes barbares et abominables causés par des hommes armés ligués sous le nom de « Viv ansanm ».
 
 
Des patrimoines comme la Bibliothèque Nationale, les Archives Nationales et le quotidien « Le Nouvelliste » ont été saccagés par cette vague de  violence sans précédent.
 

En plus d’être assiégée par les gangs, une misère intense s’y installe. Les prix des produits de premières  nécessités ne font que grimper. Le pouvoir d’achat pour ceux qui se résignent diminue considérablement. Les conséquences de la violence des gangs et la cherté de la vie coutent beaucoup à la population. Peu à peu, Port au Prince disparait sous le regard passif et laxiste des autorités. Serions-nous un jour retourné à la vie normale ? Pourrions-nous garder une lueur d’espoir ? Tant de questions qui ne peuvent pas avoir de réponse maintenant. Entre-temps, la capitale du pays part en vrille et continue avec véloce sa descente aux enfers.

Texte : Mackenlove Hyacinthe

C.P : Courrier international, Le devoir

Email : mackenlovehyacinte@gmail.com

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VariétéStars News Agency
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